Mutation, mutualisation
L’activité 2023 de l’observatoire régional de la santé et du social aura été encore marquée par un grand nombre de projets comme ce rapport d’activité nous les présente. Toutefois, deux sont plus particulièrement à mettre en relief dans la mesure où ils s’inscrivent dans des orientations majeures et pérennes d’une activité d’observation… d’un observatoire de santé et du social. Ils s’avèrent de plus parfaitement intriqués. Le premier travail souligné se rapporte à l’accompagnement du Pacte des solidarités dans deux départements normands. Celui-ci a permis de mesurer combien l’approche sociale s’inscrivait dans une démarche parallèle et complémentaire à celle de la dimension sanitaire.
Aller-vers
Tant dans le département de l’Eure que celui de Seine-Maritime, de nombreux termes sont ressortis au cours des échanges qui se sont tenus avec, en fil rouge, l’idée-force transversale de l’« aller‑vers ». Terminologie qui n’est pas sortie du chapeau sur le seul territoire normand puisqu’elle s’avère « une démarche aussi nécessaire que paradoxale : comment aller vers une personne qui ne demande rien, alors que le besoin est criant ? » comme le rappelle Cyprien Avenel, adjoint au chef de la mission analyse stratégique, synthèses et prospective à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS)1. Dans un monde en permanente et exponentielle évolution, cette fonction est naturellement capitale dans la dimension sociale, mais elle se décline également avec une telle force dans le monde de la santé. D’autant que les pyramides des âges à la fois de la population et des professionnels appellent à un autre modèle !
Des mots synonymes d’efficacité
Au-delà de l’« aller-vers », quelques mots sont aussi ressortis, de façon récurrente, dans leur pluralisme, caractérisant ce qui doit être mené en matière de solidarités pour réduire les inégalités entre groupes d’appartenance ; ces mots, figurant ci‑dessous en italique, sont de fait transférables à la santé. L’accompagnement et la sensibilisation sont devenus, plus que jamais, une nécessité pour inclure des populations qui ne se reconnaissent pas dans les transformations sociétales. Cependant, cela réclame une capacité d’adaptation de leur part, la communication devenant alors le premier vecteur de connaissance pour la permettre. La formation des professionnels au regard des nouveaux besoins des publics en constitue le second axe indispensable, d’autant plus lorsqu’elle s’inscrit dans une finalité de coordination et de mutualisation, leviers d’une efficience optimisée. Tout le parallélisme entre santé et social est ainsi bien mesuré. Alphonse Allais mentionnait que “Les horizontales se rencontrent dans tous les milieux, les parallèles jamais”. Peut-être que contrairement à la géométrie et à l’écrivain, la solution aux problématiques rencontrées en santé/social passe par leur croisement.
Observatoires, plateformes, bases de données, outils numériques, visualisation
Outre ces mots structurants, il est apparu pour les divers participants la nécessité d’avoir recours à des observatoires et des plateformes sous diverses formes pour mieux faire connaître les dispositifs au public et coordonner les différents acteurs. Comme cela s’inscrit bien dans une démarche promotionnelle de la santé. Les attentes exprimées se matérialisent naturellement par un renforcement de l’offre existante, mais aussi par la constitution de bases de données et, in fine, le partage d’informations à travers des outils numériques. Ainsi, au sein du Pacte des solidarités, il est ressorti la nécessité de disposer d’une meilleure connaissance pour optimiser l’action en utilisant des outils numériques variés. Et, cette connaissance doit reposer sur une représentation adaptée aux types de données (de nature quantitative ou qualitative) dans un format facile à comprendre et à interpréter : dataviz et carte plus particulièrement. La transition est ainsi faite pour présenter l’engagement de l’OR2S dans le développement d’outils pour mettre à disposition des indicateurs d’aide à la compréhension des problématiques locales qui constitue le second axe.
Des démarches complémentaires
Cela se décline en plusieurs démarches parallèles et additionnelles. La première a trait aux données de mortalité pour lesquelles l’OR2S continuera d’être système fils du système national des données de santé (SNDS). La décision de la commission nationale informatique et libertés (Cnil) dans sa délibération du 14 mars 2024 portant décision unique l’autorise, au côté de la Fnors, à mettre en œuvre des traitements automatisés à des fins de recherche, d’étude et d’évaluation nécessitant un accès aux données de la base des causes médicales de décès du CépiDc de l’Inserm. Pour ce faire, cela a impliqué un renforcement de son partenariat avec le Criann, à travers une convention dans laquelle étaient bien précisés les critères de sécurité et le rôle de chacun des signataires, avec tout particulièrement la certification d’hébergeur de données de santé du centre situé à Saint-Étienne-de-Rouvray. Celle-ci a été signée le premier jour de mars 2024 et une autre est également en préparation pour l’utilisation du supercalculateur qui a été inauguré au début de l’automne sur un site proche du Havre. Celui‑ci offre une puissance surmultipliée par rapport au précédent, si précieuse à un moment où la taille des données traitées par l’OR2S explose. Pour être plus efficient dans ses outils de traitement de l’information, l’OR2S a également sollicité un prestataire extérieur pour l’aider à permettre une plus grande réactivité dans le traitement des bases de données. Cela se traduit aussi par une mise à jour de ses serveurs, à la fois ceux utilisés pour la production que ceux réservés aux répliques, si besoin s’en fait sentir. Cela est indispensable dans la mesure où le nombre d’utilisateurs est de plus en plus conséquent. Enfin, une autre démarche, également avec un prestataire extérieur, a pour objet de faire entrer l’OR2S dans une nouvelle dimension en s’inscrivant dans une procédure d’accréditation Iso 27001 et d’hébergeur de données de santé à l’horizon 2025. Cela nécessite un gros travail de la structure dans sa globalité, mais aussi une modification des comportements individuels de tout un chacun.
Aller-vers dans ses diverses acceptations
L’« aller-vers », tant exprimé et matérialisé par les acteurs du social, s’avère également capital dans le futur de l’OR2S à travers une analyse de données encore plus efficiente. C’est pourquoi l’observatoire se dote de nouveaux moyens afin d’être plus attentif et réactif aux besoins des utilisateurs de ses outils dans leur grande diversité. Cela va ainsi lui permettre de mieux comprendre les problématiques rencontrées par la population pour ainsi hiérarchiser les actions que les décideurs souhaitent mener. À l’heure des Jeux olympiques et paralympiques (JO et JOP), l’OR2S s’est mis en marche pour transformer demain les essais d'aujourd’hui.